Série en cours : Aucune

samedi 24 décembre 2011

ハウス (Hausu) - House


Hausu (1977)

 
Pays : Japon / Genre : Horreur / Durée : 1h28
Réalisation : Nobuhiko Obayashi 

Cast :  Kimiko Ikegami / Miki Jinbo

Résumé : Un groupe d'amies va passer les vacances chez la tante de l'une d'entre elle mais les choses ont bien changés dans la maison...

Avis Inclassable : Entre conte pour enfant, horreur et parodie. J’ai regardé ce film avec une amie et heureusement car je ne pense pas que j’aurais eu le courage de le finir si j’avais été toute seule !


contexte et personnages

Le film commence de façon très légère en nous présentant un groupe de jeunes lycéennes  très naïves qui se réjouissent des vacances d’été qui arrivent. Les personnages sont très caricaturés à la façon « sailor moon » ; on retrouve la coquette Oshare l’héroïne présumée du film ; Fanta sa meilleure amie qui est aussi la rêveuse du groupe, folle amoureuse de leur professeur de sport ; Mac la gourmande vorace ; Gari la bosseuse ; Sweet la parfaite femme d’intérieur ; Melody la musicienne de talent et Kung-fu, la force de la nature experte en baston vous l’aurez bien compris. On a vraiment l’impression de se retrouver devant un dessin animé et la comparaison ne s’arrêtera pas là, on verra cela plus loin. L’ambiance est joyeuse et les filles vraiment niaises. Leur niaiserie est soulignée par l’enthousiasme des actrices mais aussi par leur façon de jouer qui n’est vraiment pas bonne et tire grandement sur la parodie comme si le film se moquait lui-même de ses propres héroïnes et cela dès le début. Vu le film dans son ensemble, je me demande quand même si cette façon de jouer n'a pas été voulue par le réalisateur...


Après cette intro, on se demande si on ne s’est pas trompé de film car on a l’impression de se retrouver devant un film pour ados. La photographie vient appuyer cette impression par une ambiance un peu floutée que l’on retrouve tout au long du film. Cela nous donne la sensation d’être dans une sorte de rêve ou de conte pour enfant. (Je me suis quand même demandé si ce n’était pas la qualité de la vidéo qui donnait cet effet car Hausu étant un vieux film, la qualité de l’image n’était pas terrible et le son qui saturait était particulièrement désagréable !) Mais en voyant l'ambiance du film je me suis dit que ce flouté était sûrement voulu pour contraster entre cette ambiance doucereuse des jeunes filles en fleurs et l’ambiance glauque de la maison hantée.


Oui car Hausu est bien un film de maison hantée. Mais comment arrive t-on dans cette fameuse maison, me direz-vous ? Oshare rentre chez elle et discute avec son père de leur prochain voyage à Karuizawa mais une surprise attend la demoiselle. Ils seront finalement trois à faire le voyage car son père a rencontré une jeune femme et justement elle est ici. Son père lui présente cette femme qui arrive sur la terrasse foulard et cheveux au vent (même s’il n’y a pas de vent) comme étant sa nouvelle maman. (Un peu brutal le papounet) Choquée, elle décide de ne pas aller à Karuizawa et repense à sa tante qu’elle n’a pas revue depuis plusieurs années. Elle lui écrit une lettre et voilà comment notre héroïne et ses amies (dont les projets sont tombés à l’eau) se retrouvent à passer leurs vacances dans la maison de la tantine ! Maison, bien entendu, isolée en pleine campagne et … hantée. Les filles s’installent et peu de temps après l’ambiance du film change. De drôles d’événements commencent à se produire dans la maison et les filles disparaissent les unes après les autres.


Beaucoup de choses sont spéciales dans ce film que l’on ne peut qualifier que de Kitch. C’est complètement barré, insolite et surréaliste. Le réalisateur s’en est vraiment donné à cœur joie et n’hésite pas utiliser et user de tous les stratagèmes possibles au niveau du montage, de la photographie et des effets spéciaux.

montage et transitions


En effet, le montage est des plus surprenant et interpelle dès les premières minutes du film.  Le réalisateur n’hésite pas à user de tous les effets de styles possible et inimaginable. Superpositions d’images, images en transparences dans les transitions, images renversées, retournées, écran noir laissant apparaitre un rond où le film continu, servant aussi de fondu au noir etc… Des styles que l’on retrouverait plus dans des clips vidéo que dans des films. En parlant de ça, j’ai bien cru que ça allait se transformer en comédie musicale : juste avant le départ, deux personnages balancent leurs épaules de droite à gauche avec une musique qui laisse penser que les gens vont se mettre à chanter mais ce ne sera pas pour cette fois. Car on retrouve un petit côté clip un peu plus tard dans le film et à la fin lorsque la nouvelle compagne du père d’Oshare arrive dans le village.



Le montage est donc original mais certains effets de styles ne sont pas toujours les bienvenus. Par exemple les répétitions de plans : plusieurs fois la même scène courte très rapidement successivement au moins trois fois de suite. La première fois que j’ai vu cet effet, j’ai cru que la vidéo avait un problème mais comme il a été utilisé à plusieurs reprises dans le film, force est de constater qu’il s’agit en fait d’un effet volontaire et réfléchi. Mais dont je n’ai pas compris l’intérêt ni l’utilité. 

 (Transitions :  en sandwich, en carré qui rétrécit et... en spirale !!)

Il y a aussi des moments « images subliminiques », des moments qui juxtaposent deux actions en les découpant en plusieurs images et en les alternant à une vitesse supranormale qui personnellement m’a piqué les yeux et m’a perdue. Effectivement, je n’ai pas compris du tout ce qui s’est passé à ce moment là. Pour vous situer le moment, c’est quand les filles entrent au manoir pour la première fois, un truc se détache du lustre le chat vole, kung-fu aussi et elle dégomme le truc qui tombe… pourquoi le chat vole ? Cela ressemblait à un effet stroboscope. Effet que je n’apprécie pas particulièrement de façon générale car il me donne mal à la tête mais bien utilisé il a son utilité. Seulement ici ça stroboscope des plans différents alors on n’a pas le temps de voir et de comprendre ce qui se passe.

 (imaginez les deux dernières images alternées très rapidement)



Sinon au niveau des idées intéressantes : à un moment une des filles s’amuse à fermer alternativement un œil sur l’autre. Ensuite on se retrouve en vue subjective et là deux images s’alternent au rythme de l’ouverture et fermeture des yeux de la jeune fille. L’idée est amusante et jamais vu au cinéma (du moins dans les films que j’ai vu jusqu’ici) mais autant faut-il avoir compris, une fois de plus, ce qui se passe parce que sur le moment ce n’est pas évident. 

 (Le même plan vu par l’œil gauche et l’œil droit)


Je ne vais pas passer tous les effets en revu sinon il faudrait que je regarde à nouveau le film car je ne me souviens pas de tout tellement il y a de choses visuelles dans ce film.
 

Image et décors


Au niveau de l’image, il ne faut pas être allergique aux couleurs car toutes les gammes y passent ! On le droit à des couleurs tellement criardes par moment qu’avec mon amie on s’est demandé si on n’avait pas fumé avant de regarder le film. Comme dans Tintin (le dessin animé) quand on part dans des délires abracadabrants aux couleurs trash et aux images qui se déforment, dans l’épisode de l’île mystérieuse il me semble. 


 
(Un échantillon de toutes les couleurs par lesquelles le film passe !)

On nous entraîne malgré nous dans une sorte de délire hallucinatoire aggravé… fantasmagorique. Cela m’a un peu fait penser à Alice au pays des merveilles, ce monde qui est beau et semble merveilleux avec toutes ces couleurs mais qui fait peur à cause de son ambiance barrée et ses personnages saugrenus.


Car des personnages saugrenus on en a. Les personnages secondaires comme la tante mangeuse de jeunes filles qui se met à danser sur une poutre de la maison, manger une main et des yeux… ; ce chat maléfique avec ses yeux qui brillent et le vendeur de pastèque (c’est le pire) qui à la fin s’évapore et transforme notre pauvre professeur en homme bananes. D’ailleurs j’aurais aimé comprendre pourquoi il se transforme comme ça mais le film a ce côté imaginaire enfantin et peurs enfantines qui finalement n’ont pas toujours d’origine et n’ont pas besoin d’explications. Le réalisateur s’est apparemment inspiré des peurs de sa fille pour créer l’histoire de Hausu.

 (Le chat maléfique aux yeux vert quand il fait le méchant, le vendeur de pastèque et la tante mangeuse d'yeux !)


Remarquez que le super chat maléfique est un beau chat blanc ! Et non, cette fois-ci ce ne sera pas un chat noir et c’est tant mieux ! Façon simple et efficace de briser les clichés.

 

Ce que l’on remarque aussi tout de suite dans Hausu, ce sont les faux décors peints dans lesquels évoluent les jeunes filles. Le côté sucré et conte en dessin animé provient aussi de cet effet à la manière d’un  Mary poppins. Ils sont d’ailleurs très jolis mais donnent vraiment un côté surréaliste. Par exemple tout le trajet en train se faire en « dessin animé live » et d’autres passages présentent la même caractéristique animesque.

 (Les décors peints)


Flashback


Le réalisateur arrive aussi à nous montrer des images historiques de la bombe atomique (voir photos de couleurs rouge, bleu et orange au-dessus) dans un flashback traité à la façon d’un film muet auquel se rajoute les commentaires des filles par-dessus. J’ai trouvé ces commentaires un peu décalés, en fait elles commentent comme si elles voyaient la scène en direct (procédé intéressant) et s’en amusent. Seulement lorsque c’est sur la mort d’une personne leur ton enjoué ne m’a pas semblé très approprié. Pourtant c’est un sujet qui doit tenir à cœur au réalisateur car il est originaire d’Hiroshima et a perdu ses amis d’enfance lors des bombardements.



Réalisation et effets


A l’époque j’imagine que le film devait être assez surprenant par ses effets spéciaux. On a d’ailleurs l’impression que le réalisateur fait ses expériences autant sur le montage que dans les effets spéciaux car on voit toutes les techniques défiler. (Animation (de dessin), images subliminales, superpositions, filtres de couleurs (de toutes les couleurs), split-screen, fixes, matte painting (incrustation de textures), grattage de pellicule.) Les effets dessinés comme les lignes de vitesse, les flashs de zigzag etc… ne sont pas sans rappeler les codes du manga et des animes (par exemple le moment du piano qui mange).

 

 Apparemment tous ces effets « kitch » ont été voulus comme tel par le réalisateur. Il voulait faire quelque chose de surréaliste comme si c’était un enfant qui les avait créés.

 (d'autres effets spéciaux)




En ce qui concerne quelques façons de filmer. Le passage où Melody se fait attaquer par des matelas est filmé par en dessous comme si le planché était transparent. Encore une expérience. Et ce que je n’ai pas apprécié c’est certains moments où les personnages parlent mais sont complètement cachés. Quel est l’intérêt de filmer derrière une baie vitrée où on ne voit pas les visages des acteurs ? Ou de faire des apartés (dans un rond aux contours flous) sur les visages et de ne pas voir le personnage qui parle à ce moment là ? Certes on peut voir la réaction de la personne qui écoute mais dans ce cas autant faire un plan sur les deux personnages…



(Plan avec la baie vitrée (voyez vous même où sont les acteurs) 
et Melody qui se fait attaquer par des matelas - Vue de dessous le plancher)

Pink


A ce que j’ai lu les pink eiga étaient à la mode en ce temps là ce qui explique quelques scènes dénudées. Oshare prenant son bain, Kung-Fu se promènant en petite culotte pendant une bonne partie du film, sweet attaquée par des matelats et des oreillers dont seuls les habits seront retrouvés à la fin de l’affrontement. Et à la fin une des filles se retrouve complètement nue dans l’eau à se débattre !
 

Musique  

Les musiques sont sympathiques, très twist and blues et le thème principal est entêtant et un peu envoutant. C’est comme si on l’attendait.

Par contre lors de moments effrayants qui sont là pour faire peur (enfin je crois), la musique gâche souvent toute l’ambiance en devenant une petite balade qui finalement nous rassure. C’est là que j’ai réalisé que tout comme ses actrices, le film ne se prenait pas au sérieux. (quoi tout ce temps pour réaliser ?.. je sais…) 


Scénario

Le scénario est on ne peut plus simple, mais la façon de traité le sujet de la maison hantée est complètement différent de ce que l'on s'imagine en y pensant.


On ne sait pas vraiment qui est l’héroïne car notre Oshare, base de toute l’histoire, devient un fantôme… Et la nouvelle maman qui avait pris la route pour se réconcilier avec Oshare n’est plus dans la course car il est trop tard pour sauver Oshare. On se reporte alors sur Kung-Fu mais elle fini par y passer.. On se reporte alors sur Fanta, celle qui a tout vu et qui attend son prince charmant… Comme son prof doit arriver, on s’attend à ce qu’il vienne la sauver mais les deux personnages dont on attendait la venue au village en espérant qu’ils sauvent nos héroïnes ont en réalité un rôle complètement minime et finissent comme les jeunes filles. Le prof se perdra et finira comme je l’ai déjà dit en homme banane par je ne sais quelle magique obscure… Et la nouvelle maman, après avoir profiter du paysage avec une belle chanson en tâche de fond tel un clip, retrouve Oshare dans la maison et meurt par combustion spontanée !



Finalement le réalisateur a fait ce que tout le monde aurait aimé faire, se lâcher complètement et sans complexe !

 « Tous les chats savent ouvrir les portes mais seuls les chats fantômes savent les refermer ! »


Ce que j’ai pensé du film… complètement à part et franchement à un moment j’en avais marre car il y avait trop de tout ! Trop d’effets et de genres dans un seul film ! Du coup j’avais envie d’arrêter. Je reconnais qu’il est intéressant graphiquement mais je n’ai pas été emballée par son visionnage. Il est à la limite du vrai bon nanar sans jamais y plonger complètement. Il n’y a qu’en écrivant cette critique que je me suis rendue compte si ce n'est de ses qualités au moins de son originalité et son audace.

En résumé, ce film est un ovni cinématographique qu'il faut regarder en sachant à quoi s'attendre !

Note : le film a mit 2 ans pour se faire. Les produits dérivés du film sont sortis avant le film : manga, édition du script sous forme de nouvelle et lecture à la radio. La BO a été réalisée avant la création du film.




Trailer vosta







Disponible en dvd en Import 

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